Doit-on en finir avec la liberté ?

29 octobre 2020

Je suis libre de ne pas faire attention aux autres, je suis libre de gaspiller la planète, je suis libre de ne pas suivre les règles, je suis libre de mourir…

Mais de quelle liberté parlons-nous ?

Les adolescents, comme bon nombre d’adultes, la définissent comme la possibilité de faire ce qu’ils veulent, la possibilité de choisir entre les contraires : le bien et le mal, agir ou ne pas agir. Cette conception largement répandue, est la source des réflexions suivantes :

  • Je suis aussi libre en choisissant le mal qu’en choisissant le bien
  • Je dois pouvoir choisir de faire le mal, celui qui veut m’empêcher de faire le mal est contre ma liberté.
  • Je dois pouvoir faire ce que je veux pour être libre, sans influence, ni extérieure, ni de ma conscience, ni de ma raison ou de mon intelligence
  • Je suis libre, tout de suite et sans effort, ainsi mes actes passés ou futurs sont sans incidence sur ma liberté

Par conséquent tout est fondé sur l’immédiat et l’absence d’effort. Comme cette conception de la liberté entraîne le développement de l’individualisme, et donc des comportements désastreux pour les relations humaines et le respect de la nature, une morale pensée comme un ensemble d’interdits et d’obligations, devient nécessaire pour éviter le chaos et la destruction. Mais comme cette morale est perçue comme un frein à la liberté, les individus ne la suivent que forcés par des forces extérieures. Pour compenser les méfaits de l’individualisme, les sociétés mettent aussi en place une inflation juridique, une multiplication des contrôles et des surveillances généralisées. Et c’est le serpent qui se mord la queue….

Il faut donc supprimer la liberté ou revoir sa définition…

Et si on définissait la liberté comme le pouvoir de l’homme d’agir avec qualité et perfection quand il veut, la capacité de faire le bien sans entraves. Ainsi :

  • Le choix du mal n’appartient plus à la liberté, il représente plutôt une déficience de la liberté, une diminution de la liberté
  • Cette conception de la liberté cherche alors la qualité et la perfection
  • Elle ne refuse pas les influences mais cherche plutôt à discerner celles qui sont au service du bien et celles qui ne le sont pas.
  • La liberté est donnée en germe au départ de la vie et nécessite un développement par l’éducation, par l’exercice. Nous sommes plus ou moins libres en fonction de nos forces morales et de notre capacité à discerner le juste milieu et le moment opportun.

Alors la liberté est à conquérir, une conquête personnelle, mais avec et grâce aux autres. La morale n’est plus une morale de devoir, mais une morale du bonheur : il s’agit de développer des vertus qui nous conduisent au bonheur, car ce sont les vertus - cet entrainement - qui vont nous permettre d’être pleinement libre de faire le bien. Ainsi la conception de l’autorité en est complètement bouleversée. L’autorité n’est plus conçue comme un rapport de domination, mais comme une source d’encouragement et de réconfort, pour inciter l’autre à progresser dans l’harmonisation de ses vertus. 

Alors OUI, on peut aimer la morale !!

Olivier Lefrançois
Délégué Episcopal à l’Information

Propos largement inspirés de : https://dilectio.fr/wp-content/uploads/2019/10/lilq.pdf