2 décembre 2022


Edito de l’évêque> « Élargis l’espace de ta tente »

Le synode sur la synodalité convoqué par le Pape François a terminé sa phase nationale pour s’ouvrir désormais à l’étape continentale. Le 24 octobre dernier, le secrétariat général du synode a publié un document de travail pour cette étape qui se déroulera en mars prochain, et aura à travailler sur le contenu de cette synthèse.

Après la synthèse diocésaine, la synthèse nationale française, voici donc une troisième marche proposée avec cette synthèse établie à Rome par le secrétariat du synode pour inviter chacun des sept continents à un discernement.
Je ne saurai trop vous inviter à découvrir ce document, à le lire, et pourquoi pas le travailler avec l’équipe synodale avec laquelle vous avez marché. Les points de convergence dans la réflexion er les questions posées sont significatifs mais ils s’élargissent fortement. Il importe que nous demeurions attentifs au chemin qui se poursuit plus largement au-delà de notre équipe, de notre diocèse.

Pour notre part, en diocèse, nous continuons à partager à partir de la lettre pastorale  que je vous ai proposée le 16 octobre dernier. Pour en reparler et préciser la perspective je viens, d’ici Noël, vivre une rencontre dans chacun des huit doyennés du diocèse pour nous soutenir dans la réflexion proposée.

Que ce soit la réflexion synodale ou notre réflexion à partir de la lettre pastorale, résonne pour nous cette invitation à regarder plus large et mesurer les évolutions, déplacements, conversions que nous avons à vivre. Pour soutenir cela je vous propose cette belle réflexion tirée du dernier document du synode.

Que cette ouverture appelée nous accompagne au long du temps de l’Avent qui vient de s’ouvrir pour l’Eglise.

+ François Fonlupt
Archevêque d’Avignon

 

« Élargis l’espace de ta tente,
déploie sans hésiter la toile de ta demeure,
allonge tes cordages,
renforce tes piquets ! »
(Is 54,2).

26. La parole du prophète rappelle au peuple exilé l’expérience de l’exode et de la traversée du désert, lorsqu’il vivait sous des tentes, et annonce la promesse du retour au pays, signe de joie et d’espérance. Pour se préparer, il est nécessaire d’agrandir la tente, en agissant sur les trois éléments de sa structure. Les premiers sont les toiles, qui protègent du soleil, du vent et de la pluie, délimitant un espace de vie et de convivialité. Il faut les déployer, afin qu’elles puissent également protéger ceux qui sont encore en dehors de cet espace, mais qui se sentent appelés à y entrer. Le deuxième élément structurel de la tente est constitué par les cordages, qui maintiennent la toile déployée. Ils doivent trouver un équilibre entre la tension nécessaire pour empêcher la tente de s’affaisser et la souplesse qui amortit les mouvements causés par le vent. Par conséquent, si la tente se dilate, ils doivent être allongés pour maintenir la bonne tension. Enfin, le troisième élément est constitué par les piquets, qui ancrent la structure au sol et assurent sa solidité, mais restent capables de se déplacer lorsque la tente doit être montée ailleurs.

27. L’écoute actuelle de ces paroles d’Isaïe nous invite à imaginer l’Église comme une tente, ou plutôt comme la tente de la rencontre, qui a accompagné le peuple dans sa traversée du désert : elle est donc appelée à s’étendre, mais aussi à se déplacer. En son centre se trouve le tabernacle, c’est-à-dire la présence du Seigneur. La fixation de la tente est assurée par la solidité de ses piquets, c’est-à-dire les fondements de la foi qui ne changent pas, mais qui peuvent être déplacés et plantés dans un terrain toujours nouveau, afin que la tente puisse accompagner le peuple dans sa marche à travers l’histoire. Enfin, pour ne pas s’affaisser, la structure de la tente doit maintenir en équilibre les différentes poussées et tensions auxquelles elle est soumise : une métaphore qui exprime la nécessité du discernement. C’est ainsi que de nombreuses synthèses imaginent l’Église : une demeure spacieuse, mais non homogène, capable d’abriter tout le monde, mais ouverte, laissant entrer et sortir (cf. Jn 10,9), et se dirigeant vers l’étreinte avec le Père et avec tous les autres membres de l’humanité.

Document de travail pour l’Étape Continentale n° 26 et 27

Paroisses en créations > Noël se prépare, l’Avent se savoure

Nous sommes entrés dans le temps de l’Avent : Maranatha, viens Seigneur ! Nous t’attendons !

Ce beau temps prend la forme de l’ouverture des festivités de Noël chez nos contemporains en manque de rituels : vitrines décorées, villes illuminées, publicités ciblées, chocolat et jouets variés. A la préparation chrétienne, dont les propositions en paroisse sont multiples et variées, et qui sont le premier sujet, le vrai but, la racine et la sève, nous ne pouvons manquer de préparer aussi nos maisons et nos présents, en résistant avec plus ou moins d’efficacité aux injonctions publicitaires et effets de mode.

Pas d’emballement sur les préparatifs de Noël !

L’Enfant-Roi, le Fils de Dieu naît dans une étable. Il nous montre le chemin. Soyons attentifs aux moyens que nous déployons : soyons plus légers sur le plastique et les matériaux rares (des équipements informatiques et téléphoniques) qui ont nécessité la destruction d’énormes quantités de matière première ; soyons plus précis sur les provenances géographiques, qui masquent parfois des conditions de travail indécentes, et polluent par leur transport ; soyons plus lucides sur nos nécessités, la frontière avec le superflu, la notion de gaspillage et le durée de vie des objets que nous achetons. En somme, faisons preuve de mesure, pratiquons nos vertus !

Voici quelques exemples pratiques :

  • J’utilise des nappes et serviettes en tissus pour dresser une table de fête,
  • Je fais attention à rester disponible pour ceux que je reçois, en passant plus de temps avec eux que dans la cuisine,
  • Je n’oublie pas de bénir la table de fête : même avec des invités peu ou pas pratiquants, je prends le temps de la prière,
  • Dans les grandes familles, je tire au sort celui à qui je ferai un cadeau, qui sera alors vraiment personnalisé,
  • J’achète des cadeaux Made in France, en matières durables, labellisées, issus du commerce équitable, etc.
  • Je suis attentive aux préférences de ceux à qui j’offre un cadeau, pour éviter les cadeaux matériels peu ou pas utilisés,
  • Je profite de ce temps de l’Avent pour trier ce que j’utilise vraiment et ce qui peut être donné à des associations, notamment les jouets des enfants devenus grands,
  • J’ouvre mes cadeaux avec soin et je prends le temps de remercier celui qui me l’a offert,
  • Je veille à ce que les personnes âgées isolées ne restent pas seules pendant les fêtes et je les invite. *
La joie se partage tout simplement.

Notre beau pays est riche d’artisans talentueux ! Les revues et sites de décoration débordent de propositions pour dresser une belle table avec des matériaux nobles et naturels, des idées originales fabriquées avec (ou sans) les enfants ! Nos théâtres, nos scènes musicales, nos gîtes de randonnées, nos ateliers et nos musées sont une source quasi inépuisable de cadeaux immatériels si conviviaux ! Nos paysans nous offrent une diversité de produits que les apéritifs en boîte et sachets plastiques 3 épaisseurs ne sauront jamais égaler !

Après tout, avec quoi les rois mages sont-ils arrivés, alors même qu’ils savaient trouver le Roi des rois ? De l’or, de l’encens et de la myrrhe. C’est à dire un joli caillou, un cadeau fabriqué maison et un extrait de plante verte. Nous devrions pouvoir trouver des idées ...équivalentes, pour notre famille et nos amis ; et en gagnant du temps sur la frénésie des courses en centres commerciaux, se garder des moments précieux pour préparer la venue du Seigneur. N’oublions pas le premier sujet, le vrai but, la racine et la sève, et savourons-le.

Paul Verlaine le dit mieux que moi dans Rois, Liturgies Intimes :

Le voyage des Rois Mages certes agrée au Seigneur. Il accepte ces hommages et les tient en haut honneur, mais d’un pécheur qui s’amende, pour lui la gloire est plus grande.

Bel Avent à tous,

Marie-Anne Molle

*Merci à Adeline et Alexis Voizard

Portrait> En mission au Liban

Sœur Carine Salomé de Mission Naïm Espérance est missionnaire pour le diocèse du Vaucluse. Depuis un an, elle accueille des jeunes qui veulent, eux aussi, partir en mission. C’est avec quelques-uns d’entre eux que Carine revient d’une mission d’un an au Liban, dans la vallée de la Bekaa.

« Le Liban, actuellement, traverse une crise économique catastrophique, et ce peuple auparavant joyeux, a perdu l’espérance. La livre libanaise ne vaut plus rien. Il n’y a plus d’accès à la santé ; en juillet il n’y avait plus qu’une heure d’électricité par jour, des problèmes de carburant, des pénuries de farine et de pain. Et aller demander un colis alimentaire, c’est pour ces personnes qui avaient de l’argent il y a peu, atteindre à la dignité de la personne. »
Balbek, dans la plaine de la Bekaa est le centre du Hezbollah, mais il y a aussi quelques villages chrétiens dont Der el Arhmar et un sanctuaire marial Notre-Dame de Béchouat, sanctuaire peu connu des étrangers, mais très prisé par le peuple libanais. C’est là que Carine se met au service de l’évêque maronite.

« Le coeur de ma mission est la compassion, de rendre accessible Dieu et donner l’espérance à nouveau. C’est notamment développer l’adoration du Saint Sacrement au cœur du sanctuaire de Béchouat, dans le silence qui existe trop peu dans le Moyen-Orient. Ma mission est de déployer la foi des enfants ; j’étais en lien avec les sœurs du Bon Pasteur et j’ai donc mis en place l’oratoire pour les enfants ; les enfants s’approprient le lieu dans lequel ils savent que c’est Jésus vivant qui les aime et les attend pour la rencontre, pour les sortir de leur situation déprimante. »

Visiter fait partie aussi de la mission de Carine :

« La visite de compassion a quelque chose d’universel. Offrir l’être, l’amitié, ne changera pas leurs conditions de vie, mais ça change le fond en donnant la joie, la paix, l’espérance ». 

L’ennui des jeunes Libanais désœuvrés jusque dans leurs études à cause des pénuries, a frappé Carine. Certains l’accompagnaient en tant qu’interprètes, mais comment leur redonner l’espérance ?
« On nous a demandé d’aller accompagner ces jeunes au sein des aumôneries, et voyant leur détresse et leur demande, on a mis en place des retraites spirituelles. Et tous ces jeunes Libanais qui, au départ, venaient nous aider pour la traduction ont dit : Mais nous ne venons plus pour la traduction, mais pour la joie de la mission ! ».
Et quand Carine est partie, ces jeunes ont continué à aller visiter des familles, des personnes âgées, isolées, dans les villages chrétiens mais aussi les camps syriens.
Une petite équipe a été créée à distance avec les sœurs du Bon Pasteur qui ont aidé à porter spirituellement ce petit groupe de jeunes Libanais.
Pendant son séjour au Liban, Sœur Carine est retournée visiter Qaraqosh, ville qu’elle avait laissée cinq ans auparavant complètement détruite, et la voilà retrouvant une ville pleine de vie, pleine d’enfants chrétiens dans les rues :

« Tout cela est le témoignage vivant de la victoire de la vie sur la mort, et de l’amour sur la haine. En revenant au Liban après cette petite incursion en Irak, j’avais ce message à donner au peuple libanais, car il n’y a jamais de croix sans résurrection. »

On peut rejoindre Carine dans sa mission ou la soutenir financièrement par des dons. Pour cela : www.naim-esperance.org

Résumé d’un entretien avec Martine Racine pour l’émission « Pourquoi le Taire » sur RCF Vaucluse

par Sylvie Testud

 

Le livre du mois> Dieu ou le monde, de Maxence Bertrand

L’engagement chrétien DANS le monde - par les œuvres de charité dans l’éducation, la justice sociale, la politique, la bioéthique - et POUR le monde dans le témoignage et l’annonce de la foi.

Cette question du rapport des chrétiens au monde qui parcourt tout l’évangile, notamment à partir de ce fameux axiome « rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » a interrogé l’Eglise tout au long de son Histoire et l’interroge de manière particulière aujourd’hui.

Les chrétiens ont-ils encore un rôle à jouer dans notre monde sécularisé ?

Si Dieu en est le grand absent, nos contemporains cherchent pourtant une forme de salut profane en se tournant vers toutes sortes de spiritualités ou de parcours psychologiques qui proposent de réinventer sa vie…

Mais comment trouver en soi ce qui dépend en fait d’un Autre, c’est à dire la VIE en plénitude, la fameuse source d’eau vive qui désaltère à tout jamais ?

Il est donc urgent de faire renaître dans les cœurs assoiffés ce grand désir de Dieu qui seul peut combler le cœur de l’homme.

Saint Augustin le savait, lui qui disait : « Tu nous as créés pour Toi ô mon Dieu et notre cœur est inquiet tant qu’il ne repose en toi ».
Pour cela, il faut faire prendre conscience à l’homme moderne de ses limites, car c’est justement la conscience de sa vulnérabilité qui rend la rencontre avec Dieu possible, ce Dieu qui a tant aimé le monde qu’il est venu lui même à sa rencontre.

Ainsi la foi n’est pas une conviction qui procurerait une consolation ou une fausse sécurité, mais l’abandon à plus grand que soi.
Le chrétien ne se situe donc pas pas au dessus du lot, mais pauvre parmi les pauvres, il marche sur le Chemin, après Celui qui EST la Vérité, Qui le devance et Qu’il cherche aussi.

Le chrétien ne peut révéler la soif du monde que si lui-même témoigne de cette soif qu’il éprouve.

Il ne peut être missionnaire que s’il s’abreuve lui-même de la vie du Christ : il lui faut donner accès à l’eau qui passe en lui. Pèlerin vers le Royaume - sa nation d’origine - il doit être également un bon ambassadeur (comme le recommande Saint Paul) pour faire connaître et aimer sa véritable patrie.

Pour cela, comme tout bon ambassadeur, il doit manifester un intérêt bienveillant envers le pays étranger dans lequel il vit. Il doit apprendre sa langue pour pouvoir dialoguer et le comprendre de l’intérieur…mais sans faiblesse ni naïveté.

Il doit en effet allier fermeté et diplomatie , parler quand il le faut , se taire quand il le faut, distinguer l’essentiel de l’accessoire, etc.
Le chrétien n’est donc pas DE ce monde : il n’en adopte pas les codes, les principes, les habitudes… Comme dirait Peguy, il n’a pas une âme habituée.

Mais justement, loin de négliger ce monde ou de le fuir, l’espérance du Royaume qui l’habite le pousse à agir DANS ce monde - levain dans la pâte, sel de la terre.
Comme son Maître avant lui, il ne craint pas de se laisser toucher par la misère, ni de risquer la rencontre avec les publicains et les pécheurs.

Tout en sachant, comme son Maître avant lui, qu’il risquera souvent d’être humilié, rejeté, insulté…

En somme, comme Jésus, il doit prendre le risque d’aimer en gardant toujours en tête qu’il n’est qu’un serviteur inutile.

En effet, la sainteté, ce n’est pas faire des choses pour Dieu mais laisser Dieu faire des choses en soi. Être fécond plutôt que chercher à être efficace en comptant sur ses propres forces.
La sainteté, c’est s’unir au Christ, c’est donner sa vie avec lui « pour que le monde ait la vie ». À l’image de Jésus « qui aima les siens jusqu’au bout », le chrétien doit avoir ce désir de se donner soi-même pour révéler au monde la démesure de l’amour divin.

Enseignement catholique > « De la crèche à la Croix » à l’Ensemble Scolaire Notre-Dame

Kassandra Lauria, Adjointe du Directeur pour la Pastorale au collège Notre-Dame de Pertuis nous livre ces réflexions à l’entrée de l’Avent

En entrant dans ce temps de l’Avent, contempler la crèche nous permet de préparer nos cœurs à accueillir Dieu fait homme. L’installation de cette superbe Crèche Lumière, offerte par Credofunding devant l’oratoire de notre nouvel ensemble scolaire, est une invitation à entrer pour recevoir ce Dieu qui nous tend les bras. Aussi petit et fragile qu’un nouveau-né, Il ne se lasse pas de se donner à nous dans l’Eucharistie. C’est encore le même Dieu qui nous ouvre les bras sur la croix.

C’est à l’occasion de l’anniversaire de notre institution, fondée par les sœurs de la présentation de Marie, que les murs de nos salles de classes se sont vus parés de croix uniques et singulières.

En effet, un groupe d’élèves a travaillé avec Caroline Paul, artiste céramiste, pour créer ces 50 croix. Elles sont toutes des œuvres d’art, uniques et singulières à l’image des membres de notre équipe éducative. Les enseignants ont été invités à choisir celle qui les accompagnera dans leur salle. « S’abaisser » pour comprendre l’autre, vivre avec nos jeunes pour les accompagner et les élever.

Se donner, même si cela semble cause perdue pour voir la beauté derrière chaque personne. Que nous en ayons conscience ou non, le mystère de la croix : nous sommes invités à le vivre aussi dans l’Enseignement catholique.

Les plus audacieux y verront aussi un Dieu qui par pur amour a vécu notre condition, s’est donné jusqu’à l’impensable afin que nous puissions à son image, vivre, aimer et même enseigner sans peurs ni limites car nos petites croix, nos échecs apparents n’ont pas le dernier mot. 

Par ces croix posées sur les murs neufs de notre établissement, nous sommes aussi invités à renouveler notre regard et redécouvrir la mission de l’Enseignement catholique.

De la crèche à la croix, le Seigneur ne cesse de nous tendre les bras pour que nous vivions de Sa vie.

Confions-Lui tous les membres de nos établissements d’Enseignement catholique afin qu’en posant un regard sur la crèche et la croix, nous ouvrions nos cœurs à Celui qui est, qui était et qui vient.

« Dieu est devenu homme pour que nous puissions participer à sa vie. En ceci résident la cause et la fin de sa venue dans le monde » Edith Stein, Mystère de Noël

 

Il y a 100 ans dans le diocèse> Autrefois dans le diocèse d’Avignon - décembre 1872

La chronique de ce mois, à l’approche d’une ordination en ce mois de décembre 2022, nous conduit à regarder quelques figures sacerdotales, ces anciens qui nous ont tracé la route, et , comme on dit en provençal, que « nous fan lume », tout à la fois, nous montrant la voie et nous affermissant dans notre route.

Ordinations aux Quatre-Temps de décembre - 1872

Le 21 décembre 1872, Samedi des Quatre-Temps de décembre, au jour anniversaire de son transfert comme Archevêque d’Avignon, Sa Grandeur Monseigneur Louis-Anne Dubreil célébrait l’ordination sacerdotale de quatre jeunes hommes, dans la chapelle du Grand-Séminaire d’Avignon, rue Saint-Charles. Au cours de la même cérémonie, quatre furent ordonnés sous-diacres, parmi lesquels un des religieux qui s’occupent de l’orphelinat de Sainte-Anne à Bonpas.

L’année liturgique est ponctuée par trois jours (mercredi, vendredi, samedi) de prière et de pénitence dit des Quatre-Temps, au rythme des saisons (semaine qui suit le premier dimanche du Carême ; semaine de la Pentecôte ; semaine suivant l’Exaltation de la Sainte-Croix (14 septembre) ; semaine suivant le troisième dimanche de l’Avent). L’association d’un cycle trimestriel en fonction de saisons, et d’un cycle liturgique annuel remonte à la plus haute antiquité, ainsi que l’attestent les sermons de saint Léon le Grand pour ces périodes. Le cérémonial des évêques de 1984 recommande, pour ce temps, de prier « pour les divers besoins des hommes, en particulier pour les fruits de la terre et les travaux des hommes ». C’est aussi, habituellement, un jour d’ordination.
En plus d’un professeur du Collège de Saint-Joseph, ce sont quatre enfants du pays qui sont ordonnés prêtres.

L’abbé Bressy, professeur à Sainte-Garde

Marie-Théophile Bressy est né le 10 juillet 1848 à Orange, de Marie Victorine Sautel et de Pierre Barthélémy Bressy. Sa mère avait 28 ans et était déjà veuve. Après son ordination, il est nommé professer au Petit-Séminaire de Sainte-Garde, où il restera 24 ans ! Il deviendra ensuite recteur (curé d’une paroisse succursale, selon la terminologie du Concordat) de Venasque en 1897, puis de Saint-Hippolyte-le-Graveyron l’année d’après, enfin à La-Roque-sur-Pernes en 1899, où il mourra le 1° janvier 1907.

Jean-Joseph Lazard est né le 12 juillet 1847 à Châteauneuf-Calcernier (Châteauneuf-du-Pape), fils de Jacques, cordonnier, et de son épouse Marie Guierne. Au séminaire, à Sainte-Garde, puis à Saint-Charles, « il sema la joie à profusion et s’attira tous les cœurs », et de là naquirent de nombreuses et indéfectibles amitiés. Avec le passage de Mgr Faraud à Avignon en 1868, il décide d’entrer au séminaire des Missions étrangères de Paris, mais sa santé ne lui permet pas de rester. Il rentre dans le diocèse en 1870, où « la Maîtrise métropolitaine eut les prémices de son zèle. Après son ordination, et après avoir assuré un interim à Entraigues, il est nommé recteur de Mérindol : «  sa cure devint la maison de tous ; prêtres des environs et même de loin, catholiques de la paroisse, protestants du pays, tous y défilaient pour demander aide, conseil, appui, et tous en emportaient quelques rayons de joie ». A nouveau, en 1878, après avoir distribué ses biens, il se présente au séminaire des Missions étrangères, et lorsqu’on lui oppose encore sa faible santé, il répondit « j’en aurai toujours assez pour y mourir » ! Il embarqua pour le Cambodge le 20 avril 1879. Au Cambodge, après avoir été aumônier militaire, il se dévoua à la mission, fondant des villages au cœur de la forêt (Chanh-Mâu, Sthau-Suor) à partir des églises qu’il édifia. Jusqu’au bout, il fut affaibli par les épreuves physiques et les souffrances et affermi par une joie qui ne le quittait jamais. Il est décédé à Saïgon, le 11 février 1913.

Paul Louis Evariste Levezou, « avignonnais fervent » - membre de l’Académie de Vaucluse - aux « brillantes qualités d’organiste » est né le 26 octobre 1848 à Avignon. Ses parents, Marc Levezou, sacristain à Saint-Agricol, et Marie-Thérèse Moulin, son épouse, habitaient au 17 de la rue Gelin. Après son ordination, il fut successivement vicaire à Roussillon en janvier 1873, à Morières en octobre de la même année, à Bédarrides en septembre 1874, à Courthézon en décembre suivant. Il y restera 22 ans, avant d’être nommé recteur de la Barthelasse en 1897. Il se dévoua à sa chère population avignonnaise. Il préparait alors une étude historique sur le château de la Barthelasse et un opuscule sur les origines de l’île, mais je n’ai pas réussi à savoir s’il avait été jusqu’à la publication de son travail. S’il est obligé de démissionner pour raisons de santé en 1907, dès que ses forces reviennent, il sollicite une nouvelle mission, et devient l’aumônier de l’Hospice Saint-Louis en 1912. Mais c’était préjuger de ses forces, et il meurt le 20 février 1917.

Auguste Joseph Monnier est né le 30 septembre 1848 à Valréas dans la maison familiale au quartier Saint-Antoine, fils de Jean Joseph, tailleur d’habits, et de Marie-Claire Raymond, son épouse, couturière. Six mois après son ordination, il est nommé vicaire de Bonnieux, puis de Bollène en 1879. Il devient recteur de Puyméras en 1888 et l’année suivante, vicaire de Saint-Pierre dans Avignon. En 1897, il est recteur de Piolenc, puis de Courthezon en 1903. Il est distingué du titre de chanoine honoraire du vénérable chapitre des chanoines de Notre-Dame-des-Doms en 1917. Retiré en juillet 1922, il est mort le 1° août de la même année, à Tulette. M. le chanoine Spenlé qui retraça en quelques mots sa riche carrière lors des funérailles, reconnaissait en lui « un prêtre selon le cœur de Dieu », et la foule présente alors témoigna en ce sens. Malheureusement, je n’ai aucune photo de lui identifiée.

Photos de prêtres - appel à contribution

Grâce aux versements, dons, contributions, fonds d’archives, j’ai pu constituer un album de plus de 600 reproductions de photos ou portraits de prêtres du diocèse dont les plus anciennes représentations remontent au XVIIIè et les plus récentes sont contemporaines.
A vos albums de famille ! Vous pourrez sans doute trouver des prêtres en photo lors de baptêmes, mariages, communions, pèlerinage, cérémonie... Toute contribution sera bienvenue, même si vous ne savez pas identifier le prêtre : un lieu, une année.
Cet outil est très utile pour m’aider à identifier des prêtres sur d’autres photos anonymes


un lieu, des prêtres à identifier

Abbé Bruno Gerthoux
Archiviste

Nouvelle évangélisation> Comment répondre à notre vocation baptismale de disciple-missionnaire ?

Des cellules vivantes en paroisse :
les Cellules Paroissiales d’Évangélisation

De quoi s’agit-il ?

Les Cellules Paroissiales d’Évangélisation sont des petits groupes paroissiaux de 5 à 12 personnes qui se rassemblent, une fois par semaine, pour louer ensemble le Seigneur, partager, nourrir et faire grandir leur foi. La rencontre, qui dure au maximum 1h30, se déroule normalement au domicile d’un des membres de la cellule et elle est animée par celui qui en a été nommé leader. Chaque Cellule détermine l’horaire et le jour de la rencontre. La Cellule est ouverte, prête à accueillir de nouveaux membres dans leur diversité.

« La rencontre dans les maisons pour partager les joies et les attentes qui sont présentes dans le cœur de chaque personne est une véritable expérience de l’évangélisation, très similaire à ce qui est arrivé dans les premiers jours de l’Église. » (Pape François aux Cellules Paroissiales d’Évangélisation en 2019)

Les sept buts

1. Grandir dans l’intimité avec le Seigneur
2. Grandir dans l’amour réciproque
3. Partager Jésus avec les autres
4. Développer le ministère dans le corps mystique qu’est l’Église
5. Donner et recevoir du soutien
6. Former de nouveaux responsables
7. Approfondir notre identité de foi

Ces 7 buts tracent le chemin collectif de la foi et font de la Cellule un lieu de sainteté où l’évangile est vécu.

Le déroulement d’une réunion

  • Chants et prières de louange
  • Partage (réponse à 2 questions : qu’est-ce que Dieu a fait pour moi cette semaine ? et qu’est-ce que j’ai fait pour Dieu quant à l’évangélisation ?)
  • Enseignement du curé (audio, en mp3, avec éventuellement un texte écrit)
  • Approfondissement de l’enseignement à partir de quelques questions
  • Annonces paroissiales
  • Prières d’intercession, « Notre Père », prière pour la nouvelle évangélisation.
  • Prière des frères

La méthode

Elle se déroule en huit étapes illustrées de façon schématique :

« Venez à ma suite et je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes » (Mc 1, 17)

  • 1. L’oïkos. Je choisis des membres de mon entourage (voisins, famille, collègues de travail ou de loisir, amis…). Si je ne lui annonce pas l’Évangile, personne d’autre ne pourra le faire à ma place.
  • 2. La prière. Je sais que seul Dieu peut véritablement toucher les cœurs. Je prie pour les membres de mon oïkos.
  • 3. Le service. Nous offrons aux membres de notre oïkos un témoignage d’amour, car l’amour exprimé dans le service est une clef qui permet d’ouvrir les cœurs.
  • 4. Le partage. Nous sommes amenés à partager ce qui motive notre service : l’amitié avec Jésus qui nous invite à servir en son nom. Nous témoignons de ce que Jésus a transformé dans notre vie.
  • 5. L’explication. De nombreuses questions peuvent être exprimées suite au partage de la foi : des questions sur l’Église, sur son histoire, sur la morale… Il faut avoir une grande délicatesse, de la patience et de la charité pour aider la personne à dépasser les préjugés, les hésitations et les peurs.
  • 6. L’invitation. Le témoignage commence à faire naître dans le cœur de la personne le désir de mieux connaître Jésus. L’évangélisateur l’invite alors à participer à la rencontre de Cellule.
  • 7. La vie en Cellule. Quand cette personne rejoint la Cellule, elle s’aperçoit qu’elle est attendue. Au cours des rencontres, elle sentira le besoin d’approfondir son propre engagement, de connaître la communauté ainsi que son pasteur.
  • 8. L’entrée dans la communauté paroissiale. La Cellule fait partie d’un corps, la paroisse. Avec ses frères et sœurs de Cellule, le nouveau membre pourra rejoindre la communauté paroissiale.

Comment mettre en place des Cellules Paroissiales d’Évangélisation ?

  • Tout d’abord, le curé accueille, approfondit et porte le projet d’implantation des Cellules et s’engage dans un schéma de conversion pastorale.
  • Ensuite le curé partage sa décision d’implanter la vision des Cellules Paroissiales d’Évangélisation dans sa paroisse avec son équipe pastorale et un noyau de 5/12 personnes qu’il aura discerné dans la prière pour former le groupe-guide.
  • Puis, le curé propose une formation initiale pour partager la vision des Cellules Paroissiales d’Évangélisation et encourager au dynamisme missionnaire : exhortation apostolique de Paul VI, Evangelii Nuntiandi. La paroisse doit percevoir que l’Eglise existe pour évangéliser.
  • Le groupe-guide étudie le Manuel de base pour la formation des leaders lors de réunions hebdomadaires et s’initie progressivement à vivre dans l’esprit des Cellules Paroissiales d’Évangélisation.
  • Le curé prie pour sa communauté et les futurs membres des Cellules. Il propose l’Adoration eucharistique permanente pour enraciner le renouveau paroissial dans une prière forte et engagée.
  • Le groupe-guide expérimente la rencontre hebdomadaire en Cellule.
  • Le curé informe la communauté du développement des Cellules Paroissiales d’Evangélisation et met à profit les résistances ou les incompréhensions éventuelles de paroissiens pour partager sa vision avec joie et sérénité. Dans ses prédications, il insuffle le dynamisme évangélisateur.
  • Le groupe-guide propose un groupe plus élargi à la formation de leaders (personnes désignées pour animer les rencontres en Cellule) au pasteur qui les invite personnellement à y participer sans obligation de continuer ensuite. Le groupe-guide, en co-responsabilté, participe à la formation des leaders en donnant des enseignements.
  • Des Cellules provisoires se mettent en place. Pour chacune, le Curé a nommé un responsable, mais les rencontres sont conduites à tour de rôle par chaque membre de Cellule. Le curé n’y participe pas. Il réunit chaque semaine une cellule-guide provisoire composée des responsables et leaders de la semaine pour un temps de louanges, de compte-rendu des leaders et de prière d’intercession. Le curé veille à ce que chacun constitue son oïkos (famille, amis, collègues ou voisins que l’on souhaite intégrer au sein de notre Cellule).
  • Le curé centre sa communauté sur l‘Esprit Saint, agent principal de l’évangélisation.
  • Quand chaque membre a été leader de Cellule provisoire, le curé nomme les leaders définitifs et les Cellules Paroissiales d’Évangélisation accueillent de nouveaux membres désireux d’entrer en Cellule. La cellule-guide se réunit ensuite chaque mois.
  • Le curé peut organiser une veillée d’effusion de l’Esprit Saint et d’envoi missionnaire.
  • Les Cellules Paroissiales d’Évangélisation sont officiellement lancées au cours d’une célébration liturgique dominicale avec la participation de l’évêque ou de son représentant

Cette phase préalable est d’une durée de 2 à 4 mois.

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Patrimoine> Avignon : La Communion des Saints, un mystère en pierre...

Huit heures du matin, le jour peinait à se lever. L’air était plutôt frais, les nuages plutôt noirs annonçaient une pluie possible… En somme, une matinée et une atmosphère parfaite pour un 2 novembre, journée des défunts. Nous étions une vingtaine à battre la semelle devant le monumental portail en demi-lune de Saint-Véran, le cimetière d’Avignon, classé à l’Inventaire général du patrimoine culturel :

Nous attendions l’ouverture des portes pour suivre la messe des défunts célébrée par le Vicaire général du diocèse. En patientant, j’admirais la symbolique très « Restauration » de la monumentale entrée, tout à fait représentative de cette époque où régnait en maître le « Romantisme ». La chouette, oiseau nocturne évocateur du sombre shéol des morts de l’Ancien Testament ou du caverneux royaume d’Hadès des Grecs :

La chauve-souris, autre symbole de la nuit obscure de la mort est également omniprésente dans ce décor :

...le sablier, symbole de la brièveté de la vie terrestre et du temps qui s’écoule inexorablement se retrouve sur les façades et sur les grilles de fonte… Mais ce sablier est toujours entouré d’une paire d’ailes qui sont le signe du monde invisible qui nous attend avec la résurrection :

sablier

... Et autres témoignages de cette résurrection, les citations bibliques gravées sur les parois que le temps gomme peu à peu et que je m’amuse à déchiffrer pour passer le temps :

Sur le mur de gauche : « expectantes beatam spem… Requiescunt… Epistola Sancti Pauli ad Titum Chap V vers. XIII » » « Ils reposent dans l’attente de la Béatitude » épitre de Saint Paul à Tite chapitre V verset 13 :

Et sur le mur de droite : « Sancta et salubris est cogitatio pro défuntis exorare. » « Prier pour les défunts est une pensée saine et salutaire »… (Second Livre des Machabées chap II verset XLIV) :

Les employés municipaux lèvent la barrière et nous entrons derrière le Vicaire général à vélo. Je patauge dans une boue gluante qui alourdit mes chaussures que j’avais si bien cirées : nul doute, c’est jour de pénitence… Le caveau des prêtres du diocèse est en fait une chapelle néo-gothique fin XIXe, plutôt élégante, surélevée sur une dizaine de marches ouvrant complètement sur l’intérieur. La municipalité a fait poser sur les marches six grosses touffes de fleurs ; saluons cette délicatesse :

Des chaises de spectacle sont disposées pour l’office, deux prêtres officiants, une trentaine de fidèles, essentiellement des dames… les hommes ont dû partir à la pêche malgré le temps… c’est priant, c’est chantant, c’est chaleureux : en somme, un très bel hommage rendu aux prêtres du diocèse qui se sont dévoués pour les générations passées et qui sont enterrés sous la chapelle dans l’attente de la résurrection.

La messe se termine, nous rangeons les chaises et je fais le tour de la chapelle pour lire les dizaines d’inscriptions funéraires gravées sur les murs. La plus ancienne, du moins si j’ai bien regardé, date de 1892 - sans doute la date d’ouverture de la chapelle. Un dénommé Barrel, curé de Saint-Agricol d’Avignon. Il se prénomme justement Agricol, du nom de ce moine du Lérins qui fut évêque d’Avignon sous le bon roi Dagobert, celui de la culotte à l’envers et qui devint patron de la ville d’Avignon sous le Roi-Soleil… Un prénom très porté jusqu’au XXe siècle. Je vois que cet Agricol Barrel était « CH. H. » c’est-à-dire : Chanoine honoraire - de la cathédrale, je suppose :

Et il fallut attendre sept années - 1899 - pour avoir un nouveau nom, encore un chanoine honoraire : Isidore Rochier, et un autre chanoine, Bernard Giraud. Ensuite, les noms s’enchaînent et vous entraînent en les lisant à faire le tour du petit édifice, jusqu’au dernier prêtre gravé sur le pilier de gauche de l’entrée : Pierre Marcel Lambert en 2022. L’Église du Vaucluse n’oublie pas ses serviteurs ! Ils l’ont bien mérité.

Je vous recommande cette visite. D’abord, parce qu’elle vous fait traverser ce cimetière extraordinaire, « un des plus beaux que j’aie visités » a écrit Maurice Barrès, et qui « vaut le détour » comme le disent les Guides touristiques. Surtout, si vous êtes pratiquant, ou si vous êtes simplement curieux de ce qui vous entoure, vous pourrez admirer dans cette chapelle une mise en scène et en pierre monumentale de ce mystère catholique dont parle le Credo : la « communion des Saints » : des gens d’aujourd’hui qui prient avec des prêtres d’aujourd’hui, sur les cendres des prêtres des siècles passés, au milieu des tombes de nos ancêtres. Tous, vivants de ce monde et défunts de l’autre monde, unis en prière vers ce seul but de notre vie : la résurrection.

François-Marie Legœuil